Ce sentiment de culpabilité quand on retourne au travail
Être de retour au travail peut être intimidant. Nous pouvons nous sentir coupables de quitter notre bébé et avoir peur de ne pas pouvoir tout gérer. N'oubliez pas de prendre soin de vous!
On m'avait mise en garde mais je m'étais dit que tout irait bien. On m'avait dit combien cela allait me coûter, que cela allait être plus dur pour moi que pour lui, que ce serait un des jours les plus difficiles depuis celui où j'avais appris que j'étais enceinte. Mais les avertissements ne sont pas d'une grande utilité et n'offrent que peu de réconfort car le moment venu, vous oubliez tout et toutes les mises en garde semblent futiles et hors de propos. Cela m'est arrivé et je suis sûre que c'est arrivé à beaucoup d'entre vous en tant que mères.
Le jour où je suis retournée au travail après avoir passé près de 7 mois à la maison, dont deux avant l'accouchement, a été très dur. Une journée vraiment horrible que je n'oublierai jamais et qui, même après tout ce temps, reste très présente dans mon esprit.
Le sentiment qui m'a envahi était nouveau pour moi, un mélange étrange d'anxiété, de tristesse, de peur et d'angoisse. Rien d'autre dans la vie ne vous donne une telle sensation. Il s'agissait d'une séparation forcée avec une personne que je sentais toujours vivre en moi, une séparation qui même si je savais qu'elle ne serait que de courte durée, générait en moi un mélange de sentiments qui m'empêchait de faire quoi que ce soit correctement ce jour-là, ou seulement avec un semblant de qualité et de compétence. Mon esprit était resté bloqué à la minute où j'avais laissé mon fils à la crèche, seul avec des gens qu'il ne reconnaissait pas et qui ne comprendraient pas mon fils, ne connaissaient pas ses petits caprices, ne savaient pas comment le faire dormir, ignoraient les petits trucs pour le faire manger. Je ne savais pas s'ils remarqueraient quand il était fatigué ou voulait juste sa tétine. Mon esprit était donc là, à mille lieues du bureau.
Beaucoup d'amis m'avaient aussi dit qu'après le congé de maternité, mon esprit finirait par s'apaiser, que je retrouverais mes anciennes routines et que ce serait génial. Je pourrais prendre un repas tranquillement, je retournerais à la gym et je repenserais à nouveau à moi et pas uniquement au bébé. Mais il faut être passée par-là pour comprendre qu'en matière d'éducation et de maternité, tout le monde est différent, que très peu de réalités sont réplicables et que chaque cas est unique, chaque maman ressentant les choses différemment.
Cette manière de ressentir les choses différemment se transforme souvent en une sorte de pression émotionnelle pour les femmes, les mamans. C'est un fardeau que nous portons sur nos épaules, comme si nous devions prendre toutes nos décisions en fonction des notions des autres mamans ou de ce qui se fait ou ne se fait pas, ou de ce qui est plus acceptable socialement, et pas en fonction de ce que nous pensons être le mieux pour nous et nos enfants.
Inévitablement, quand nous faisons ce que nous pensons être le mieux selon notre expérience, même si les gens qui nous entourent ne trouvent pas ça acceptable, nous avons ces regards qui nous jugent, ces sourcils froncés, ce trait d'esprit déguisé en blague (« Je plaisante, ne le prends pas pour toi »), et nous sommes assaillies par ce sentiment de culpabilité qui nous donne l'impression d'être une mauvaise personne. Comment faire face ? Comment ignorer ce qui nous entoure et vivre notre vie comme si de rien n'était ? Tout est compliqué et très difficile à gérer à vrai dire.
Pendant des années, ma routine de fin de journée a globalement été la même : je quittais le travail, j'allais à la gym pour me vider l'esprit, évacuer le stress et brûler les calories accumulées pendant huit heures sur ma chaise de bureau. C'était mon moment à moi et honnêtement, je ne crois pas que l'on puisse être heureuse si l'on ne conserve pas un moment rien que pour soi. Alors un conseil, prenez ce moment au moins une fois par semaine – rien que pour vous !
Sophie, maman de Nicholas